C’est quoi une ferme-usine ?

Le terme « ferme-usine » interroge. Voici la clarification de ce qui est désigné par « fermes-usines ».

On parle de « ferme-usine » quand des méthodes ou processus industriels sont appliqués à l’élevage, aux cultures, à l’utilisation des terres.

Le tableau ci-dessous recense des caractéristiques du système « fermes-usines » dans trois champs.

1 – une rupture du lien avec le sol

Caractéristiques observées ➜

  • une unité de production dont les matières premières sans lien avec le sol de l’exploitation, viennent de circuits d’importation dé-territorialisés et/ou internationalisés ;
  • des animaux et des végétaux standardisés avec utilisation systématique de traitements chimiques ;
  • des circuits de vente hors territoire, gérés par des groupes industriels ;
  • une gestion des déjections basée sur l’exportation hors territoire ;
  • des conditions de vie animale inadaptées à leurs besoins ;

porcherie industrielle avec un projet d’agrandissement à 618 truies présentes et 18 500 porcs produits

2 – des impacts sociaux et économiques

Caractéristiques observées ➜

  • une production massive pour un minimum d’emplois, faisant souvent appel à une main d’œuvre sans qualification ;
  • un pilotage de la production par des groupes industriels et des acteurs de la finance ; une soumission à ces groupes et acteurs ;
  • des produits entrant sur le marché mondial à bas prix, en concurrence avec les productions locales ;
  • des normes sanitaires imposées à toute une filière (ex :confinement rendu obligatoire dans les élevages plein air) pour prévenir les effets redoutés dans les systèmes intensifs ;
  • un recours et une dépendance aux financements publics ;
  • une disparition des savoirs-faire paysans ;
  • un risque de décote immobilière pour les riverain.e.s ;
  • des impacts négatifs sur le tissu économique ;
  • une offre alimentaire grand public de faible qualité
  • des impacts sur la santé mentale des riverain.e.s et des exploitant.e.s : dépressions, suicides…

usine de fabrication d’aliments pour bétail à partir de produits importés d’autres territoires,
gérée par un groupe international intégrateur

3 – des impacts environnementaux, climatiques et sanitaires

Caractéristiques observées ➜

Des pollutions tout au long de la chaine de production ayant des impacts sur la biodiversité et la santé végétale, animale et humaine :

  • des nuisances liées à la démultiplication du trafic ;
  • des rejets massifs d’ammoniac, de CO2, de nitrates, de méthane, de pesticides, de fongicides et de traitements de synthèse ;
  • l’ artificialisation des terres ;
  • l’épuisement et l’empoisonnement des sols lié à la monoculture et au mono-élevage ;
  • une surconsommation et un accaparement des ressources en eau ;
  • la pollutions des eaux et la pollution du littoral ;
  • la prolifération des algues vertes et le déséquilibre des milieux de vie aquatiques ;
  • le développement d’antibio-résistance lié au recours systématique aux antibiotiques dans les élevages ;
  • la transmission de nouvelles maladies aux humains (ex : covid 19) ; la multiplication des épidémies dans les élevages industriels avec atteinte de la faune sauvage (ex : grippe aviaire) ;
  • des déforestations et des pollutions importées ;
  • la diminution des surfaces de terres destinées à l’alimentation
  • des modes de production recourant massivement aux hydrocarbures, dépendants de financements publics, et en contradiction avec les recommandations issues de la Convention Citoyenne pour le Climat1, et les recommandations du GIEC

1https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Convention/ccc-rapport-final.pdf


culture de tomates hors sol en serre industrielle chauffée au gaz et éclairée toutes les nuits